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| 64259 | MCM REV XXI | autres textes imprimés | 44 - MCM (Nantes) | Disponible |
| BIOF02332 | BIOF REV XXI | autres textes imprimés | 69 - BIOFORCE (Vénissieux) | Disponible |
| 62729 | XI 34 | autres textes imprimés | 69 - FORUM REFUGIES (Lyon) | Disponible |
Dépouillements
Ajouter le résultat dans votre panier[article]La porcelaine cassée de Téhéran O'NEIL, Cat - In : XXI, printemps 2016 (01/03/2016), N°34, P. 104-113
A Téhéran, la capitale iranienne, la fondation Omid-e-Mehr (espoir dans l'amour) accueille en externat deux cents jeunes filles pauvres, victimes d'abus sexuels. L'une a été violée par son frère, l'autre prostituée par sa mère, une troisième contrainte à un mariage forcé. Considérées comme de la porcelaine cassée, une "marchandise endommagée", les jeunes filles sont contraintes d'accepter un "sigheh" (mariage temporaire officialisé par un imam) pour échapper à la misère et aux abus sexuels subis à la maison. Tant que la liaison dure, l'homme doit entretenir cette concubine comme une épouse, ce qui procure une ressource à la jeune fille et à sa famille. L'équipe d'accompagnement de la fondation a pour objectif de convaincre les familles d'offrir un refuge aux jeunes filles pour les aider à surmonter leur traumatisme et leur donner accès à l'instruction.
En 2006, alors que les révolutions arabes n'ont pas encore éclaté et que les États-Unis ont déclaré la guerre à l'Irak, l'organisation terroriste "État islamique d'Irak" est en passe de se créer. Des milliers de personnes arrêtées dès avril 2001, après la parenthèse enchantée du printemps de Damas, croupissent dans la prison de Saydnaya, l'une des plus tristement célèbres de Syrie. Abdallah, jeune étudiant à Damas, raconte ses cent jours derrière les barreaux d'une cellule qu'il partage avec Ali Moussa al-Shawakh et Abou Ali al-Anbari, qui deviendront deux des hauts responsables de Daech.
Des trentenaires, hommes et femmes, incarnent les nouvelles cultures urbaines du Sénégal. Le temps d'une parenthèse devant l'objectif de Omar Victor Diop, ils jouent à se mettre en scène dans un studio photo de Dakar, capitale cosmopolite qui connaît un bouillonnement culturel avant-gardiste. Elles·ils sont mannequins, stylistes, maquilleur·ses, artistes ou bloggeur·euses, partagent leur temps entre le Sénégal et d'autres pays du monde et incarnent la jeunesse africaine mondialisée qui accède au rêve de voyager, d'étudier ou de travailler à l'étranger.
Dès 1950, les Français musulmans ont quitté l'Algérie pour la France. La famille Gharram a laissé son petit paradis du bord de la Méditerranée pour s'installer au Havre, cité normande rasée par les bombardements, n'offrant que ruines et poussière. A leur arrivée, les Gharram habitent dans des demi-tonneaux de tôle, avant d'obtenir un logement social dans un quartier populaire. Le frère aîné, Amar, devient vite le chef de famille et impose les consignes d'intégration à la fratrie : parcours scolaire irréprochable, tenue vestimentaire correcte, pratique du sport, formation professionnelle, stages et emplois associatifs. La famille Gharram crée l'association Après (Association promouvoir, revaloriser les échanges et la solidarité) qui propose de rompre les solitudes par des activités interculturelles. Quatre générations de "Normands pur beurre" sont nées au Havre, de pères français d'origine algérienne et de mères normandes, auxquelles on demande encore aujourd'hui si les enfants se sentent français.
Le territoire de la ferme de Quilos est inscrit depuis près de mille ans dans le registre de l'abbaye de Sainte-Croix à Quimperlé en Bretagne. Les générations se sont succédé pour exploiter la ferme avec ses vaches laitières et ses cochons. Dernier d'une fratrie de six, Didier est devenu paysan par hasard pour pérenniser l'héritage familial. Avec abnégation il se bat au quotidien contre les tracasseries des huissiers et les maladies du troupeau. Comme ses aïeux, Didier brûle sa vie sur les terres de Quilos mais il affronte aussi un cancer du pancréas qui lui laisse six mois de sursis. Hospitalisé en urgence, Didier est contraint de confier les travaux de la ferme à ses amis, ne pouvant compter sur la fratrie qui a déjà décidé de tout brader à sa mort.
Calais est une petite ville du nord de la France, rendue tristement célèbre pour sa "jungle", zone d'hébergement improvisée pour environ six mille migrant·es aux abois, couchant sous des tentes de fortune dans la boue et le froid, qui inspirent autant d'inquiétude que de compassion aux Calaisien·nes. Le résultat des accords du Touquet avec le Royaume-Uni s'observent au quotidien, dès la rocade conduisant au terminal des ferries, où des fourgons de CRS stationnent en permanence et surveillent le plus grand bidonville d'Europe. Les migrant·es sont désespéré·es de ne pas pouvoir traverser la Manche et les Calaisien·nes, dont l'économie tourne au ralenti avec un taux de chômage de 13 %, vivent une situation certes moins précaire que les migrant·es mais incertaine à long terme.
Sur la terre française de Mayotte, la justice a bien du mal à passer, entre indics, trafics, corruption policière et politique. Jérémie Bouclet, alsacien d'origine, est brigadier à Mamoudzou et s'est porté volontaire pour être affecté au groupe d'intervention régional (GIR). Il enchaîne les "opérations plage" pour lutter contre l'économie souterraine de la drogue et des trafics en tous genres et contre l'immigration clandestine en provenance des Comores toutes proches. Il témoigne sans détour de son quotidien : planques, arrestations, saisies de cocaïne, cadavres de jeunes filles mortes d'overdose, gardes à vue et corruption à tous les niveaux du système judiciaire.
Antanas Mockus est professeur de philosophie et doyen de l'université nationale de Colombie. En 2010, il se présente à l'élection présidentielle pour le Parti vert, un jeune parti politique alternatif et pacifiste. Mockus critique un système gouvernemental corrompu et provoque ouvertement les puissants du pays. Menacé de mort, il est l'artisan d'une révolution pour la paix. Les militants du Parti vert mobilisent les jeunes et les artistes sur les réseaux sociaux, en organisant des "flashmobs" et des concerts de soutien. Pendant les meetings politiques, ils brandissent des fleurs, des ballons ou des crayons comme armes pacifiques. Mockus a inventé le "vaccin contre la violence" qu'il inocule symboliquement aux enfants colombiens et il répète inlassablement son slogan : "la vida es sagrada" (la vie est sacrée).
Mariée à 13 ans, sur une promesse faite par son père à un compagnon de camp de concentration, mère à 14 ans, parce qu'une femme rom ne choisit pas d'avoir ou non des enfants, Esmeralda Romanez raconte son parcours de vie depuis son enfance dans la roulotte familiale jusqu'à l'exercice de son métier d'infirmière et son engagement auprès des autres. Présidente de la Fédération européenne des femmes romani et voyageuses, elle a fait de sa vie un combat pour l'interculturalité contre le communautarisme et une école d'apprentissage des libertés pour les femmes romani.
Miami est la plus grande ville de Floride mais aussi la capitale cubaine des États-Unis. Dans les rues, l'espagnol est la première langue d'usage et Cuba reste une obsession partagée par tou·tes les exilé·es. Roger, ancien révolutionnaire cubain installé à Miami, fait partie des anciens de la deuxième armée de maquisards, le Segundo Frente, écrasée par Fidel Castro. Ni conservateurs ni plus vraiment communistes, nationalistes dans l'âme mais américains d'esprit, les anciens du Segundo Frente continuent de scruter, d'interpréter et de décrypter l'île de Cuba qu'ils ne connaissent plus depuis leur exil à Miami.
Malgré un parcours politique encensé sur le plan international, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, aujourd'hui âgée de 70 ans, a perdu de sa superbe depuis son arrivée sur la scène politique birmane en 2010. Les observateurs dénoncent ses contradictions et ses silences sur l'indigence de son programme économique, sur les droits bafoués des Rohingyas (musulmans chassés de Birmanie) et ses faiblesses politiques face à la majorité bouddhiste. La "dame de Rangoun" a vécu et craint que l'ouverture politique s'achève, avec le retour de la junte militaire au moindre de ses faux pas.
