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| 55896 | MCM REV XXI | autres textes imprimés | 44 - MCM (Nantes) | Disponible |
| BIOF04125 | autres textes imprimés | 69 - BIOFORCE (Vénissieux) | Disponible |
Dépouillements
Ajouter le résultat dans votre panier[article]L'électricité d'une île O'NEIL, Cat - In : XXI, hiver 2018 (01/12/2017), N°41, P. 32-43
Pour défendre leur récif contre les attaques de l'océan et la montée des eaux, les habitant de l'île de Sein, au large de la Bretagne, réclament leur indépendance énergétique. Ils veulent une électricité propre, produite avec les éléments naturels (vent, soleil et courants marins) mais ils se heurtent au monopole très puissant d'EDF. Or Sein n'est reliée au continent par aucun câble sous-marin et l'électricité locale est produite avec du fuel apporté par bateau, soit 420 000 litres chaque année : une aberration économique et écologique.
Ils sont ouvriers à Dunkerque ou universitaires à la faculté de Jussieu à Paris. Certains sont malades, d'autres pas ou pas encore. Les justiciers de l'amiante luttent côte à côte depuis vingt ans pour obtenir un procès de la fibre isolante toxique en France. L'embarrassant dossier de l'amiante représente 3 000 décès par an, des centaines de milliers de victimes, des fonds d'indemnisation et des traitements innombrables. Or, pendant des années, le Comité permanent amiante, financé par les industriels de la filière, a recruté ses membres en fonction de leur position stratégique au sein de l'État ou de réseaux d'influence. Difficile dans ces conditions d'identifier un coupable.
Jérôme a 36 ans, est éleveur en Saône-et-Loire avec un cheptel d'une centaine de vaches. En butte contre les contrôles vétérinaires aux injonctions contradictoires et contre-productives, Jérôme s'oppose violemment à la réglementation et aux procédures de traçabilité de la viande. Classé dans la catégorie "éleveurs à risques" par les autorités sanitaires en 2015, Jérôme ne peut bientôt plus conduire ses bêtes à l'abattoir et voit son exploitation péricliter. Régulièrement traqué par les huissiers, il s'enfuit à plusieurs reprises pour échapper aux gendarmes. Mais, en ce jour de mai 2017, alors qu'il est recherché depuis neuf jours par les gendarmes et qu'il tente de fuir à bord de sa vieille voiture, Jérôme meurt de deux balles dans le dos.
A Cuba, la jeunesse se trémousse sur un reggae sauce latino, le reggaeton, et se passionne pour la star du moment, El Chachal, suivi dans tous ses déplacements par des hordes de fans en délire. Le reggaeton n'est pas une musique à texte et les quelques paroles traitent de sexe, de filles et de drogue. Mais l'engouement est tel que les jeunes acceptent toutes sortes de petits boulots pour se payer l'entrée aux concerts s'élevant à un tiers du salaire cubain moyen. Les photographies sans équivoque de l'auteure montrent des jeunes filles hystériques venues pour toucher la star et danser jusqu'au bout de la nuit dans une transe collective.
"Bienvenue dans la bulle", s'écrie Orzala qui étudie ici depuis trois ans. L'université américaine de Kaboul en Afghanistan est un îlot préservé de liberté et de savoir, où filles et garçons étudient côte à côte et peuvent débattre de tous les sujets. Dans les dortoirs cohabitent des jeunes de tous horizons ethniques, Pachtounes, Hazara, Tadjiks et Ouzbeks. Cette mixité interculturelle est rare, presque unique, dans ce pays fracturé, en proie aux déchirements sectaires. Mais l'université de Kaboul reste un des lieux les plus exposés de la capitale afghane et des miradors sont plantés au milieu de la pelouse pour assurer la sécurité des étudiants.
Au nord de la Patagonie, dans la vallée d'El Bolson, située au cœur de la province de Rio Negro, Joe Lewis, un milliardaire britannique, possède une propriété grande comme Paris. Au fil des ans, il a tout acheté : rivières, plans d'eau, montagnes et même les élus et les commerçants locaux. Il a profité de la situation précaire des paysans pour sous-estimer la valeur de leurs terres, dont beaucoup ne connaissaient pas la surface d'un espace occupé depuis des siècles par leurs aïeux sans titre de propriété. Mais aujourd'hui, la population se rebelle contre le projet de privatisation d'un cours d'eau pour la construction d'une centrale hydroélectrique et contre l'urbanisation de la réserve de Pampa de Ludden.
Les auteurs sont fascinés par le travail du paléontologue Michel Brunet qui ratisse les déserts à la recherche de l'aube de l'humanité. A 76 ans, il a sillonné l'Afrique pendant un quart de siècle pour trouver des crânes, des morceaux de mâchoires et des os, en espérant découvrir le doyen de l'humanité. En bon scientifique, il cherche et trouve, mais pas forcément ce qu'il espérait. Au Cameroun, il n'a pas trouvé trace de préhominidé mais il a trouvé des squelettes de dinosaure ! Enfin, le 23 juillet 1995, dans le désert du Djourab au Tchad, le professeur découvre une mandibule d'hominidé vieux de plusieurs millions d'années. En hommage à son ami Abel Brillanceau, il le prénomme Abel. Puis, en juillet 2001, son équipe découvre au même endroit un crâne fossilisé recouvert d'une croûte de silice de fer. C'est Toumaï, bipède arboricole vivant au bord de l'immense lac Tchad il y a sept millions d'années.
Les nounous sud-américaines ont quitté leur pays et leurs enfants pour s'occuper de ceux des autres en Espagne. Elles travaillent six jours sur sept et envoient tout leur salaire au pays, pour donner un avenir meilleur à leurs enfants. Ces nounous seraient plus de 600 000 à travers l'Espagne, employées par des familles aisées ou de la classe moyenne, pour le standing. Vanessa Rousselot filme quelques nounous dans les vicissitudes de leur vie quotidienne : enfants espagnols capricieux, patronnes exigeantes, solitude et ennui. Quand, après des années, vient le moment de quitter l'Espagne, les adieux sont déchirants et le retour au pays est un nouveau déracinement.
Ils vivent dans différentes régions des États-Unis, viennent d'une Amérique blanche, issue de la classe moyenne, sans histoire. Et pourtant, ils meurent d'overdose par dizaines de milliers. Durant vingt ans, les médecins ont prescrit à ces patients un puissant opiacé pour soulager la douleur d'une rage de dent ou d'un mal de dos, à l'origine de leur addiction. Sous l'impulsion de lobbys tout puissants, l'industrie pharmaceutique américaine a vendu des opiacés comme du chewing-gum, par l'intermédiaire de représentants commerciaux agressifs qui ont menti aux médecins sur les risques d'addiction. A la grande époque des années 2000, des cabinets médicaux peu scrupuleux et grassement rémunérés par les laboratoires signaient des ordonnances sans consultation, au point que la police ramassait des drogués dans la rue. Depuis, les trafiquants se sont mis à fabriquer ces mêmes produits et ont su inonder le marché suffisamment "accro", au point que cela devienne un problème de santé national.
Steven Kaplan est un universitaire américain amoureux de la France et passionné par ses traditions. Il s'est intéressé à un produit de base du quotidien des Français, qui constitue selon lui un "fait social total" : le pain. Pour étudier la baguette, la boule ou le bâtard et leurs consommateurs, Kaplan a passé un CAP de boulangerie puis il a fait la tournée des fournils lors de ses séjours réguliers en France. Le pain permet de raconter l'histoire de France et façonne encore aujourd'hui les débats de société. Pour Kaplan, le pain est à l'origine de tout, c'est "l'aliment de la survie, le ferment de la révolte, le garant de l'ordre".
Au centre de santé de Courbat, situé dans la région Centre-Val de Loire, des policiers et des gendarmes sont accueillis en séjour longue durée, pour soigner une dépression, un "burn out", une addiction à la drogue ou un alcoolisme. Au départ, les auteurs redoutent la parole muselée des patients et une surveillance trop rapprochée de l'administration. Mais ils sont surpris par l'accueil chaleureux des soignants, qui les autorisent à séjourner une semaine dans l'établissement, à participer aux ateliers et à assister aux entretiens avec l'assistant médico-social. Les patients racontent alors les pressions auxquelles ils étaient soumis quotidiennement dans leur travail : la politique du chiffre, l'isolement, la difficulté "d'avouer qu'on est flic" en dehors du cercle familial et finalement la tentation de ne plus avoir de vie sociale normale et de s'enfermer dans la maladie ou l'addiction.
A la mort de son père en 2014, David Caviglioli entreprend de vider l'appartement familial et de trier les papiers. Au milieu des écrits de son père comme journaliste à Combat et au Canard enchaîné, il trouve un dossier gris contenant une trentaine de lettres écrites par son grand-père Antoine Caviglioli entre 1955 et 1960 à un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur. Au fil de la lecture, David comprend que son grand-père a été condamné à la Libération pour faits de collaboration, frappé d'indignité nationale et emprisonné. David commence alors à reconstituer le fil de cette honte familiale vieille d'un demi-siècle, que son père avait décidé de cacher à ses enfants.
