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| 13757 | CM Défis Sud N°135 | autres textes imprimés | 34 - CDTM (Montpellier) | Disponible |
Dépouillements
Ajouter le résultat dans votre panier[article]L'avenir menacé de l'agriculture durable - In : DEFIS SUD, édition annuelle 2017-2018 (01/12/2017), N°135, P. 5-15
La théorie de la modernisation de l'agriculture considère que la paysannerie traditionnelle n'a pas d'avenir face à l'accroissement de la demande alimentaire porté par l'expansion démographique, l'industrialisation et l'urbanisation. Fin des années 1960, la Révolution verte s'est inspirée de l'expérience mexicaine. C'est à travers les discours sur la relation entre croissance, marché et réduction de la pauvreté que l'idéologie de la modernisation s'est répandue. La résistance s'est organisée. La prise en considération de la résilience est essentielle pour évaluer les potentialités de résistance des mondes paysans dans les Sud. L'émergence d'un mouvement comme "Via Campesina" a été une étape majeure. Un ensemble de recherches sur le développement rural, depuis les années 1980-1990, ont été dans le sens d'une réhabilitation des pratiques et des connaissances de l'agriculture paysanne mettant en valeur son adaptabilité au changement. Au Sud et au Nord, des myriades d'initiatives construisent et mettent en œuvre des "territoires durables".
Face aux constats pessimistes sur : l'avenir de la planète, l'augmentation sans précédent de la population mondiale, la question du rendement de la production agricole, le réchauffement climatique qui s'accélère et la perte de plus en plus préoccupante des ressources naturelles, les solutions proposées pour répondre au défi de la sécurité alimentaire mondiale devraient davantage miser sur l'agriculture familiale et l'agroécologie.
Le président de la BAD (Banque africaine de développement) s'est engagé à rendre l'Afrique autosuffisante dans dix ans. Des milliards de dollars seront investis à cet effet dans l'agriculture du continent mais il n'est pas sûr que les petits paysans y soient suffisamment associés car la BAD accorde beaucoup d'importance aux multinationales. Les prêts accordés au groupe nigérian Dangote Industries, au parc agro-industriel de Bukanda-Lonzo en RDC, et à la Cie agricole de St Louis du Sénégal en sont des exemples.
En se hissant au rang de "coproductrices des politiques publiques", les firmes privées bouleversent les règles du jeu de la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Face à des lobbys et des stratégies de communication des firmes particulièrement bien armées, les défenseurs des agricultures familiales doivent faire valoir la pertinence de leur vision et de leurs approches.
Les organisations qui représentent les intérêts de la société civile et des petits exploitants en Amérique du Sud dénoncent la mainmise et les agissements de la finance sur les terres agricoles. Les lois nationales ne protègent pas suffisamment les paysans. En Équateur, malgré le "Plan Tierra", des terres ont été attribuées à des groupes inconnus, en chassant les paysans sans aucune compensation. Au Brésil, des sociétés financières étrangères contournent la loi pour acquérir des terres. En Colombie, les trafiquants de drogue possèdent près de la moitié des terres agricoles.
Les institutions de microfinance sont conscientes que les applications financières sur mobile sont en train de bouleverser leur corps de métier, et que les opérateurs de téléphonie ont, plus rapidement qu'elles, étendu leur maillage sur leur clientèle. Elles commencent à mettre au point des applications mobiles adaptées aux besoins de leurs clients.
La formation technique agricole s'est développée en Afrique à partir des années 2000 à cause des prospectives démographiques, annonçant des "cohortes" de jeunes arrivant sur le marché du travail. Des centres de formation ont vu le jour à l'initiative publique ou privée, et soutenus par les États, en vue de former un modèle de jeune entrepreneur agricole dynamique, utilisant les nouvelles technologies. Reste le problème économique de l'accès à la terre.
