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| 18159 | CM POL AFR 159 | autres textes imprimés | 34 - CDTM (Montpellier) | Disponible |
Dépouillements
Ajouter le résultat dans votre panier[article]Mobilités de classe BONNET, Doris - In : POLITIQUE AFRICAINE, juillet-septembre 2020 (01/07/2020), N°159, 168 P.
Ce dossier a été inspiré par le renouveau des études de classes sociales en sociologie générale et par la place qu'a prise ce paradigme dans les études africaines, notamment autour du débat sur l'émergence des classes moyennes en Afrique. Plusieurs disciplines (l'anthropologie, la sociologie, l'histoire, la philosophie, la science politique et la géographie) proposent une approche ethnographique sur cette question. Les articles portent sur diverses positions sociales relatives à l'espace de départ et concernent plusieurs migrations internationales depuis (et vers) l'Afrique : entre la Mauritanie, le Sénégal et les États-Unis, le Nigeria et l'Europe, le Sénégal et la France, les Comores et la France, le Mali et les États-Unis, le Yémen et Djibouti.
L'objectif essentiel des articles de ce dossier est de montrer comment la mobilité spatiale se répercute sur la mobilité sociale, c'est-à-dire comment la réussite ou l'échec des migrante·s africain·es aboutit à un changement du statut social de leur famille restée au pays. Ces travaux démontrent que les "mobilités de classe" en Afrique sont à la fois des mobilités spatiales et des mobilités sociales qui sont profondément conditionnées par le volume des capitaux détenu dans l'espace de départ.
L'étude de cas de deux migrants, descendants d'esclave, partis de la vallée du Sénégal, l'un vers ce pays et l'autre vers les États-Unis, montre que leur réussite économique n'entraîne pas forcément leur élévation dans la hiérarchie sociale de leur village d'origine. Ils doivent lutter pour imposer leur changement de statut social bien que l'esclavage ait été aboli en 1905. Même si la migration contribue aux recompositions des pouvoirs, la variable statutaire reste présente dans la manière dont les migrant.e.s vivent leurs mobilités sociales. Ce fait conduit à s'interroger sur le sens donné à la réussite et sur l'enjeu de sa reconnaissance.
Dans les grandes villes européennes, la majorité des prostituées africaines viennent du sud du Nigeria. Malgré le jugement moral et la stigmatisation dont elles souffrent dans leur pays d'origine, l'envoi d'une jeune fille en Europe pour se prostituer est une opportunité économique pour les familles pauvres. La traite sexuelle est organisée par les "Madames", anciennes prostituées devenues proxénètes. Elles représentent le modèle d'ascension sociale dont rêvent les familles. La prostitution vue comme un projet migratoire familial permet d'éclairer le rôle joué par les parents dans ce trafic d'êtres humains.
Cette enquête porte sur des familles de migrants sénégalais, établis en France, appartenant à la classe moyenne grâce à leurs diplômes. Pour maintenir le lien avec les parents restés au pays, elles envoient leurs enfants en vacances à Dakar. Mais elles rencontrent beaucoup de difficultés pour faire reconnaître leur nouveau statut social dans leur pays d'origine.
Cet article analyse les effets de l'émigration dans les milieux populaires aux Comores à l'échelle des familles et sur plusieurs générations. Quand elle s'inscrit durablement dans l'histoire familiale, l'internationalisation des émigrés peut permettre une sortie des classes populaires, voire un relatif rapprochement avec les classes moyennes. Les migrations internationales ont donc joué un rôle important dans la recomposition de l'espace social des Comores. Cependant il faut tenir compte de la dynamique générationnelle de ces mobilités spatiales et sociales pour comprendre les inégalités qui s'instaurent au fil du temps dans les familles.
Au Mali, une enquête menée au près de familles appartenant aux classes supérieures montre les avantages qu'elles tirent de l'obtention d'un passeport étranger, de préférence américain ou canadien. Ce document les identifie comme faisant partie des élites privilégiées car elles peuvent voyager à leur guise. Il est généralement obtenu par un migrant et il est transmis aux générations suivantes.
La diaspora Yéménite à Djibouti comporte plusieurs strates : l'ancienne génération de migrants économiques devenus commerçants et la nouvelle génération de réfugiés fuyant la guerre civile à partir de 2015. Les réfugiés sont installés dans des camps ou pour les plus chanceux dans la ville de Djibouti. Cet article résulte d'une enquête auprès des réfugiés urbains qui bénéficient de l'appui de l'ancienne diaspora et deviennent des entrepreneurs. Les aller-retours entre le Yémen et Djibouti aboutissent à des trajectoires spatiales et sociales assez complexes.
Lors de son exil politique au Bénin, au milieu des années 1980, l'ancien chef d’État centrafricain, François Bozizé, s'est converti au Christianisme céleste, une église prophétique africaine. Cet article retrace son inscription dans les réseaux célestes transnationaux et sa double quête de pouvoir à la fois au sein de son église et de l’État centrafricain. Ses dix années de pouvoir sont marquées par une rhétorique guerrière dirigée contre les étrangers et les musulmans. Il a ainsi contribué à exacerber la violence des affrontements.
