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| 22701 | CM Recherches internationales n°119 | autres textes imprimés | 34 - CDTM (Montpellier) | Disponible |
Dépouillements
Ajouter le résultat dans votre panier[article]De la décroissance à l'effondrement - In : RECHERCHES INTERNATIONALES, janvier-mars 2021 (01/01/2021), N°119, P. 59-132
Aujourd'hui, la collapsologie est partout. La pandémie virale en cours dope son discours et ajoute à l'ambiance catastrophiste. En réalité, des préoccupations pas vraiment nouvelles, mais qui combinées, présentent un tableau effrayant et cristallisent des interrogations anciennes. Le détonateur a peut-être été le célèbre "Rapport au club de Rome" paru en 1972 sous le titre percutant de "Halte à la croissance ?". L'hypothèse centrale était l'épuisement des ressources si la croissance économique se poursuivait. Or, le véritable problème auquel l'humanité est confrontée, n'est pas l'épuisement des ressources mais celui de leur utilisation à l'origine des pollutions de la planète. De la décroissance à l'effondrement il n'y a qu'un pas franchi par les tenants de ces théories, avec une différence notable : les "décroissants" proposent des solutions collectives, alors que les prophètes de l'effondrement, déjà gagnés par la résignation, n'envisagent que des sauvegardes individuelles ou en petites communautés. Cette pensée n'a rien de scientifique, elle représente une impasse réactionnaire.
Le mot collapsologie est un néologisme forgé par Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, pour désigner ce qu'ils qualifient de "science de l'effondrement". Leurs ouvrages bénéficient d'une large couverture médiatique et d'un écho amplifié par la crise sanitaire. Ils sont analysés et critiqués dans cet article. Les constats des "collapsologues" sur l'interconnexion systémique des crises du monde actuel peuvent faire accord, mais leurs analyses ont des limites : un statut scientifique fragile, une occultation de plusieurs mécanismes essentiels des évolutions environnementales et sociales actuelles et, surtout, le refus d'incriminer le capitalisme à l'origine de la crise planétaire.
Cet article est une analyse critique du "Rapport au club de Rome" qui fut un évènement international en 1973, parce qu'il préconisait le ralentissement de la croissance, voire son arrêt. Ses thèses furent ensuite réadaptées au profit du concept de développement durable visant à harmoniser les variables de l'efficacité économique, de l'équité sociale et du respect de l'environnement. Visionnaire sur certains aspects, discutable sur le plan scientifique, le "Rapport" méconnaissait le danger des grands systèmes techniques qui maillent de plus en plus la planète.
Les romanciers de science-fiction ont été des précurseurs de la collapsologie. Après avoir prôné la foi dans la science, ils l'ont abandonnée pour se faire les chantres des désastres futurs. Aujourd'hui, la science-fiction flirte avec la dystopie écologique et catastrophique.
Les conséquences de la pandémie due au Covid-19 sont étudiées ici dans les pays avancés. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les premiers ont choisi de privilégier l'importance de la vie humaine, y compris au détriment des coûts économiques et sociaux. Les effets de la pandémie dans les différents États relèvent de différences structurelles, mais également des politiques menées. Partout la décision fut prise d'un soutien massif de la demande (aux entreprises et aux particuliers), au prix d'un creusement des déficits, y compris au niveau européen traversé par des approches divergentes. La pandémie a bousculé des dogmes économiques, mais la parenthèse terminée, ils seront de retour et les restructurations se feront à coût social élevé.
Entre l'Algérie et la France, la décolonisation n'est pas achevée, en raison des conséquences sanitaires et environnementales des 17 explosions nucléaires réalisées par la France au Sahara de 1960 à 1966. Plus de soixante ans après, elles alimentent le contentieux entre les deux pays. Les déchets radioactifs polluent le sol et le sous-sol et les risques encourus par les populations sahariennes ne sont pas encore évalués à leur juste mesure.
