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trié(s) par (Pertinence décroissant(e), Date de parution décroissant(e)) Ajouter le résultat dans votre panier Affiner la recherche[article]Les faux amis de l'agriculture - In : LA DECROISSANCE, mars 2024 (01/03/2024), N°207, P. 3-4
Relecture de la crise agricole actuelle à partir d'une évocation chronologique de la transformation des campagnes depuis la Seconde Guerre mondiale, au fil des exigences de productivité accrue, de la mécanisation et de la restructuration des propriétés qui en sont découlées. P.Thiesset rappelle que la moitié de la population était paysanne à la fin du XIXème siècle, le tiers à la fin de la Seconde Guerre mondiale, 25% en 1955 et 1,5% aujourd'hui. Il évoque la renaissance de l'écologie politique dans les années 70 et sa lutte pour une agriculture paysanne, c'est-à-dire contre l'agriculture de plus en plus technique et mondialisée prônée par le pouvoir.
Pour les technocrates de France nation verte, la planification écologique consiste à tout électrifier et à accélérer le déploiement des énergies dites "renouvelables". Les communes sont sollicitées pour vouer des terrains aux besoins de la transition. Mais les résistances se multiplient. Certains arguent du fait qu'avant d'augmenter la production d'électricité, il faudrait peut-être s'interroger sur nos besoins et envisager une auto-limitation de la consommation.
Avec la généralisation d'internet, l'industrie pornographique a connu une fulgurante expansion. La consommation de vidéos X est devenue si massive et précoce qu'elle bouleverse l'intimité, la sexualité, les rapports humains. Elle est révélatrice d'un capitalisme qui promet la satisfaction pulsionnelle immédiate et semble promettre un avenir d'êtres à la japonaise, "otakus" enfermés dans leur chambre devant leurs écrans et ne vivant plus que dans un monde virtuel.
Récapitulatif de la notion de "décivilisation", aujourd'hui assignée à l'extrême droite, depuis son utilisation par Renaud Camus. Elle date pourtant du XIXe siècle, Stefan Zweig l'avait déjà formulée, puis l'ethnologue Robert Jaulin, au XXe siècle, à propos de la disparition des cultures du Tchad ou de l'Amazonie, avant de l'appliquer au déclin des cultures rurales. C'est ensuite Bernard Charbonneau qui dénonce la "monoculture" liée au progrès technique qu'il assimile à un "ethnocide".
L'auteur, s'opposant aux présentations du ministre de l'intérieur, retrace les principales luttes écologiques, avec occupation d'espaces menacés par le développement technique et l'industrialisation des cinquante dernières années. Il montre comment ces luttes, tout en partant d'un problème local, défendent, parfois avec succès, un autre mode de développement et posent des questions globales.
Les derniers discours présidentiels donnent comme impératif le doublement de la production d'électricité par rapport à la production globale d'énergie en France d'ici 2050, avec trois piliers : le nucléaire, les renouvelables, l'accroissement de l'électrification de nos pratiques. Rien n'est dit des difficultés potentielles, d'implantation notamment, de soumission accrue au réseau. Et la voie de la sobriété n'est jamais envisagée.
Pour des neuroscientifiques en vogue, la cause de la destruction de la planète réside dans notre cerveau et dans son appétence au plaisir. Surconsommation, croissance exponentielle, développement implacable des forces productives : tout serait inscrit dans une "nature humaine" intrinsèquement destructive. La solution résiderait dans un conditionnement sur le modèle du crédit social chinois grâce un contrôle numérique total.
L'économie dite "collaborative", prétend abolir les hiérarchies, développer les échanges horizontaux, permettre à chacun de devenir son propre entrepreneur. Dans ce cadre, Internet serait un outil d'émancipation, à même de créer, selon Jérémy Rifkin, une société cybernétique mondialisée, où chacun, sur le modèle d'Uber, trouverait réponse immédiate à ses besoins et compléments de revenus. Dans cette société, de fait, totalement atomisée, progressent marchandisation et précarisation, au profit des grandes entreprises d'Internet, qui centralisent l'information. L'ambition de numérisation totale de la société, d'essence libérale, ferait du monde un immense marché de gré à gré, le "marché ultime", qui absorberait toutes les activités humaines.
Les villes les plus puissantes du monde s'affirment comme les fers de lance de la lutte contre le réchauffement climatique mais elles planifient un entassement croissant des hommes, une dépendance accrue à l'électricité verte et au numérique, et un système technicien toujours plus efficace, autonome et totalitaire. Bien entendu, un tel monde échoue à contrecarrer le réchauffement climatique puisqu'il l'accélère au contraire. La seule issue réside dans la décroissance, qui passe par la désurbanisation.
Satire des décisions prises par la convention nationale pour le climat, au nom de l'oxymore que constitue la notion de développement durable, largement au cœur des préconisations.
P. Thiesset fait l'historique de l'électrification progressive de la France et de la propagande qui a multiplié les besoins en électricité durant les trente glorieuses. Il montre le caractère récent des équipements que nous considérons comme des besoins ; il dénonce aussi la dimension politique de notre dépendance à un système centralisé et au nucléaire.
Partant de l'engouement médiatique pour Emma Thunberg, la jeune Suédoise à l'origine de la "grève pour le climat", l'article rappelle les alertes successives sur la nécessité de protéger l'environnement à partir des années 1970 et remet ironiquement en perspective les conseils environnementaux prodigués par diverses personnalités.
Howard Kunstler, penseur états-unien, critique le développement des banlieues, qui séparent lieu d'habitation, de travail et de consommation, multiplient les distances, suppriment les interactions des villes et détruisent les campagnes, tout en interdisant tout autonomie aux enfants soumis aux dictas des déplacements en voiture. Il annonce un futur où les problèmes énergétiques générés par ce mode de vie, l'extinction de l'utilisation du pétrole de schiste, engendreront contraction économique, colère sociale et extrémismes politiques.
Alors que "l'état d'urgence climatique" est décrété, les appels à la mobilisation générale pour le Green New Deal retentissent de toutes parts. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, créer des millions d'emplois et apporter la prospérité durable, il suffirait d'investir massivement dans l'infrastructure de la "troisième révolution industrielle". L'écologie n'est plus qu'un levier pour accélérer le développement des forces productives et on ne parle malheureusement plus de décroissance.
Le thème de la décroissance apparaît aujourd'hui encore comme tabou. On lui préfère les mots "postcroissance" ou "croissance raisonnée". Le mouvement des "gilets jaunes" a fait éclater les nuisances de la banlieue totale, l'appauvrissement provoqué par notre société, à l'opposé de la frugalité prônée par Illich, qui se veut joyeuse, conviviale, répondant aux besoins essentiels.
Remise en question d'une civilisation pléthorique et de la recherche de confort lié à la technologie, au nom de la liberté, avec des références aux précurseurs de la pensée de la décroissance de Welles à Jacques Ellul.
Guillaume Faburel, géographe, dénonce le discours qui vante les métropoles vertes comme sources de développement. Il montre comment ces "villes-monde" se substituent progressivement aux états-nations comme centres décisionnels et souligne qu'elles concentrent les 3/4 des dépenses énergétiques, des pollutions et des déchets, au profit des classes aisées. La captation du discours écologique par les tenants du développement urbain n'est, à ses yeux, qu'un prétexte à la valorisation économique et à l'exploitation financière des centres-villes.
Rappel des textes et des propos qui, depuis les années 60, ont prôné la modernisation, c'est-à-dire l'adaptation de la société à l'innovation et à la technologie, subordonnant l'humain à la technocratie, et confrontation avec la réalité actuelle.
Le mythe du développement infini et du progrès, d'origine occidentale, s'est diffusé dans le monde entier, via le désir suscité par des réalisations exceptionnelles et à travers les réseaux financiers et marchands. Suscitée dans la publicité, la foi dans le progrès se poursuit en dépit des échecs : explosion des inégalités, surexploitation de la planète. La propriété individuelle est au point d'origine de cette condamnation à une croissance sans fin. Pour lutter contre cet impératif, il nous faut retrouver l'idée de bien commun intangible et transmissible aux générations suivantes, et de partenariat avec la nature (plutôt que d'exploitation de celle-ci.)
A partir de la revendication des "gilets jaunes" quant à la baisse de la taxe carbone sur les carburants, l'auteur remet en question les implications du développement de l'automobile, rappelle que, pour s'attaquer aux causes du dérèglement climatique et la destruction de l'environnement, il faut d'abord faire le deuil de l'hyper-mobilité.
