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[texte imprimé]Refaire la cité : L'avenir des banlieues KOKOREFF, Michel, LAPEYRONNIE, Didier - PARIS : SEUIL, 2013/01, 107 P.
"Cités", "banlieues", "zones urbaines sensibles" ont subi bien des transformations depuis trois décennies : paupérisation, ségrégation urbaine et éthique, expansion des économies souterraines, durcissement des rapports avec les institutions. Les émeutes et les violences viennent régulièrement révéler les limites de l'action publique. Ce livre propose un diagnostic fondé sur vingt ans de recherches de terrain, en même temps que des pistes pour repolitiser ce que l'on ne cesse de stigmatiser. Car, pour sortir de l'impasse, il est nécessaire d'inventer une 'politique des banlieues" s'appuyant sur la force des quartiers, sur le dynamisme des acteurs, les femmes, la jeunesse. Lutter contre le chômage et la délinquance est une nécessité ; mais l'intégration politique doit être la priorité. Il est urgent que les habitants deviennent des citoyens à part entière, c'est-à-dire des acteurs de la vie démocratique. Pour refaire les cités, il faut au préalable refaire la cité.
[texte imprimé]Ghetto urbain : Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd'hui LAPEYRONNIE, Didier, - PARIS : ROBERT LAFFONT, 2008/09, 624 P.
"La société nous repousse. C'est comme dans les ghettos américains. En France, on a parqué tout le monde d'origine dans les quartiers" (Adil, 26 ans). Selon l'auteur, l'habitant du ghetto n'a pas le sentiment d'être intégré ni étranger. Il vit dans un espace particulier, qui n'est pas hors de la société mais n'en fait pas complètement partie. Les habitants qui y sont relégués ont élaboré un mode de vie particulier, une sorte de "contre-monde" qui les protège collectivement de la société extérieure mais qui constitue un handicap pour chacun et auquel ils tentent individuellement d'échapper. Le ghetto urbain français concentre le renforcement de la ségrégation urbaine et de la discrimination raciale, l'accroissement du chômage et de la pauvreté, une organisation sociale spécifique aux quartiers, ainsi qu'une rupture de la communication entre les femmes et les hommes doublée d'une violence systémique.
La sortie du modèle des sociétés nationales se traduit par la séparation et l'automisation des problèmes de participation et d'intégration. Les problèmes de participation, d'incorporation dans l'espace économique et politique national, génèrent la xénophobie. Ce phénomène est accompagné par la décomposition du monde ouvrier qui entraîne une résurgence des partis d'extrème droite en France, ou d'extrème gauche en Grande Bretagne. Enfin, l'installation des minorités immigrées s'est traduite par une forte politisation du débat ainsi que par le développement de demandes sociales. L'ancienneté plus importante de cette installation en Grande Bretagne et les modalités d'arrivée des migrants expliquent un traitement plus politique et civil dans ce pays comparé au traitement plus spécialisé et plus social en France. Néanmoins, l'évolution récente tend à rapprocher les deux pays.
L'intégration des minorités immigrées s'impose aujourd'hui comme un thème évident des sciences sociales et comme un thème central du débat politique, non seulement en France, mais aussi dans nombre de pays européens. Pourtant les processus d'intégration des migrants semblent rester étrangement similaires d'un pays à l'autre, d'une époque à l'autre. Les travaux pionniers de l'Ecole de Chicago au début du siècle en ont fixé les grandes lignes et n'ont guère été démentis depuis lors. Mais si l'arrivée des immigrants a toujours été accompagnée de tensions sociales leur présence n'avait pas jusqu'à présent, été l'objet d'un débat politique central dans les pays concernés. C'est cette liaison entre la question de l'intégration des minorités immigrées et le débat politique qui doit être interrogée. La raison de cette évolution n'est pas à chercher dans les processus sociaux d'intégration eux-mêmes, mais plutôt dans une évolution profonde des pays européens amenant à remettre en cause l'idée même de l'intégration, la séparation des questions nationales et des questions sociales.
