Résumé : |
Le montant de l'aide publique au développement (APD) augmente chaque année d'un ou deux milliards de francs pour se rapprocher de la norme de 0,7 % du PIB décidée par l'ONU. Or 95 % de cette masse d'argent public n'est pas de l'aide et n'a rien à voir avec le développement : si elle enfle, cela résulte d'abord de logiques propres aux différents lobbies qui se partagent le gâteau, puis de l'inscription budgétaire des ardoises d'une gestion à la fois aberrante et frauduleuse : ainsi, on regroupe dans l'APD des dépenses de développement rural, mais aussi des financements de partis hexagonaux, ou le renflouement des fortunes de quelques potentats locaux. L'inflation de ces dépenses est d'autant moins contrôlée que le détail en est très mal connu, et que, s'agissant d'une bonne cause (l'aide de la France aux pays plus déshérités), on n'est pas trop "regardants". Comment s'étonner alors de l'implosion de la Somalie, où la corruption par le Nord a été si caricaturale ? On en est réduit à faire appel à la charité publique et à mobiliser des écoliers. Mais quel civisme va-t-on enseigner à ces derniers, si les contribuables acceptent sans broncher que leur argent serve à décomposer les Etats et les sociétés du Sud ? Si l'on veut opérer un rééquilibrage Nord-Sud afin de rendre le monde plus vivable, il est urgent d'imposer la transparence dans l'APD, et de la réorganiser pour effectivement soutenir les pays et les communautés les plus démunis. |