Résumé : |
Nous traversons une ère nouvelle dont la caractéristique principale réside dans la remise en question radicale des manières de voir et des catégories de perception qui nous étaient familières. Elle initie avec la communication de masse une pensée inédite du lien entre espace et société. L'intervention de la télévision, par exemple, modifie considérablement notre appréhension du monde, la frontière entre intérieur et extérieur tend désormais à devenir factice. En effet, le petit écran représente une porte ouverte sur la rue, de sorte que l'intérieur est quasiment occupé, au sens militaire du terme, par l'extérieur. Cependant, le mouvement par lequel l'extérieur s'immisce dans l'intérieur s'accompagne d'un repliement de l'intérieur sur lui-même en raison de la distance, voire de l'extranéité de l'extérieur qui suscite un sentiment de dépossession, dont la mesure est donnée par le fait que l'extérieur le plus immédiat échappe de plus en plus au contrôle effectif de son voisinage. L'habitat comme espace inclusif devient l'unité d'évaluation de l'exclusion, ainsi que l'illustre la transition sémantique entre ces exclus d'hier, les "sans famille", et ceux d'aujourd'hui, les "Sans Domicile Fixe". Ce livre vise à saisir et rendre compte des mutations profondes d'une modernité qui disjoint ce qui jadis était contigu et qui allie ce qui naguère était dissocié. |